Devenir partenaire et mieux se comprendre
Par :
Sarah Boucher, présidente
Équipements ÉLA (Équitologique Légende d’Automne)
Plusieurs
rêvent ou on déjà rêvés de parvenir à ne faire qu’un avec leur cheval.
Plusieurs aussi pensent que cette relation empreinte de magie n’est
réservé qu’à certaines personnes chanceuses, de ce monde. Si je vous
disais que c’est possible pour vous aussi, et que ce n’est pas si
inaccessible que ça en a l’air?
La clé du succès pour y parvenir est bien sûr le travail, mais d’abord
et avant tout, la compréhension de notre partenaire (cheval) et
l’importance de notre langage corporel envers lui. Sans comprendre les
comportements, agissements et réactions de votre compagnon, il vous sera
impossible ou difficile de parvenir à une union parfaite.
Vous avez sans doute déjà entendu parler de l’équitation éthologique?
Plusieurs personne en ont entendu parler, mais n’ont qu’une vague idée
de ce que c’est. Premièrement il faut savoir que l’équitation
éthologique n’est pas une discipline en soit et équitation éthologique
n’égale pas uniquement Pat Parelli. C’est plutôt une méthode de travail
qu’on pourrait dire plus pédagogique que la plupart des méthodes dites «
traditionnelles ». De plus, c’est un mode de communication que tous
devraient connaître, chevaux et cavaliers inclus.
Il existe plusieurs personnes qui enseignent à leurs chevaux avec
beaucoup de pédagogie, ils prennent leur temps pour comprendre le
comportement des chevaux, pour savoir pourquoi le cheval réagit de telle
ou telle façon et ainsi réagissent plus efficacement en s’adaptant au
type de tempérament. S’adapter à chaque cheval et enseigner dans le
respect et la compréhension du cheval, c’est ça pour moi un enseignement
pédagogique ou « éthologique ».
Selon
moi, le but premier de tous ceux qui font la promotion de cette pratique
devrait être que ce terme « équitation éthologique », disparaisse et que
sa pratique s’imbrique dans l’équitation de tous les jours. Tout évolue,
la vie, la nature, l’expérience, les méthodes d’apprentissage. Pourquoi
ne garderions-nous pas l’esprit ouvert à l’évolution des méthodes d’entrainement
de nos chevaux? On entend souvent dire : « Oui mais les méthodes
traditionnelles fonctionnent depuis des centaines d’années et les
chevaux ont réussi à apprendre! » Pour certain oui c’est vrai, mais pour
d’autre on les qualifie de tête de mule, de stupide, de bon à rien, de
vicieux et j’en passe.
« Tout doit être remis en question, car ce n'est pas parce que tout le
monde le fait que c'est bien. »
On voit encore plus souvent des chevaux qui écoutent par la contrainte
physique. Si les gens n’ont pas l’outil en question (leadchaine,
cravache, éperons, mors toujours de plus en plus sévère, etc.) le cheval
ne les écoute pas. On ne peut pas dire que ces chevaux ont appris, mais
plutôt qu’ils sont physiquement obligés à exécuter la demande. Je ne dis
pas que tous ces outils sont mauvais, mais il serait mieux de vouloir
les utiliser, plus tard, pour la précision, plutôt que pour la
contrainte. Pourquoi ne pas essayer d’avoir un cheval plus volontaire?
La force physique et la contrainte n’arriveront jamais à éduquer un
cheval. Il faut user d’astuces quelques fois et ouvrir notre esprit.
Pensez-y un instant, cinq personnes de 200lbs ne font même pas le poids
face à un cheval de 1100lbs…
Souvent l’entrainement du cheval se fait rapidement et toujours de la
même façon. Il faut savoir s’adapter à chaque cheval, demander de façon
différente pour chacun d’eux, parce que certain on besoin d’être
convaincu et d’autre sont plus sensible, donc plus réactif. Il est très
important que vous sachiez ajuster l’intensité de vos demandes. Parce
qu’en demandant trop fortement et trop rapidement, le cheval devient
inquiet et n’est plus apte à apprendre.
« Demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup »
Lorsqu’on veut progresser avec notre animal, il est très important de
savoir respecter les étapes d’apprentissage de notre cheval, mais aussi
de les connaître. Chaque cheval apprend à sa vitesse. Trop souvent il
m’arrive de voir des gens sauter des étapes lorsqu’ils enseignent à leur
monture. Voici une comparaison qui ne vient pas de moi, mais je l’aime
beaucoup. « Est-ce que vous prendriez un élève du primaire pour le faire
passer à l’université? » Souvent on prend un cheval qui ne connaît pas
un exercice et on se fâche après lui parce n’arrive pas à exécuter ce
qu’on lui demande. Pourquoi? Peut-être que l’exercice à été mal expliqué
ou que nous sommes passés du primaire à l’université dans nos exigences.
Il faut savoir écouter notre cheval. Lui seul saura vous indiquer ses
limites. Il vous donnera toutes les indices pour les connaitre, c’est à
vous d’apprendre à les percevoir.
« Votre cheval est le meilleur enseignant que vous pourrez avoir,
apprenez à l’écouter. »
Il
faut aussi garder en tête que notre animal n’a pas la même nature que la
nôtre. À prime abord, dans la nature, le cheval est une proie et nous
somme des prédateurs. De plus, la priorité numéro un pour le cheval, est
sa sécurité ou même sa survie, ce qui fait qu’il a un instinct de survis
très développé. Comme toutes les proies, il est naturellement peureux et
toujours prêt à fuir et il n’aime pas se sentir coincé (claustrophobe).
Certains lorsqu’ils se sentent coincés, vont se défendre parce qu’ils
craignent pour leur survie. Donc, le moindre changement dans leur
environnement les inquiète et leur première réaction lorsqu’ils ont
peur, sera toujours de fuir ou de sortir de la situation inconfortable.
« Quel prédateur se cache derrière cette grosse roche ou ce tas de bois?
» « Je ne connais pas ce sac de plastique, il pourrait peut-être me
mordre! » « Je dois sortir de cette situation au plus vite », voilà en
gros ce que pense le cheval. D’un point de vu prédateur, c’est difficile
de comprendre toutes ces frayeurs, mais il faut toujours garder à
l’esprit que leur instinct est très fort. Oui le cheval est « domestiqué
» depuis plusieurs millénaires, mais bon comme le vieux dicton le dit «
Chasser le naturel et il revient au galop ».
Au tour du prédateur maintenant. Quels sont ses comportements, réflexes,
lorsqu’il a peur? Contrairement à la proie il fige, se contracte
(s’agrippe) et arrête de respirer. Nous humains, ou deux-pattes comme
j’aime si bien le dire, sommes des prédateurs et nous avons des réflexes
de prédateur. Ce qui fait que face à l’inconnu, ou en situation de peur,
l’humain utilise souvent la force ou l’intimidation. Ce qui a pour effet
de faire resurgir l’instinct de survie du cheval et il est impossible
pour quiconque de réfléchir et d’apprendre dans une telle condition.
Lorsque notre cheval fait un écart ou part au galop, non désiré,
qu’est-ce qu’on fait? On se cramponne… On se cramponne à notre corne,
aux rênes, à la crinière, au coup du cheval, on sert les jambes, etc.
Naturellement pour un cheval son réflexe est de s’enfuir, de se sortir
de cette situation inconfortable. Il a première peur de ce qui vient de
voir et en plus il y a quelque chose qui se cramponne à lui! Il a encore
plus peur et part à courir ou continue de se tasser c’est là qu’arrive
parfois les accidents. C’est à ce moment là que nous devons être digne
de confiance et montrer à notre cheval qu’il n’a pas raison d’avoir
peur. Comment? En restant calme, en continuant de respirer et en
ramenant la concentration de notre cheval sur nous plutôt que sur
l’élément qui le terrorise. Vous comprenez qu’il est très difficile pour
nous de passer par-dessus nos réflexes de survis, alors mettez-vous un
peu dans la peau de votre cheval lorsqu’une telle situation arrive.
« Il faut penser cheval, pour mieux le comprendre. »
La plupart des chevaux réagissent fortement à cause de la peur. Taper,
se lever, se sauver, mordre, sont tous des comportements normal d’un
point de vu cheval, mais dans notre quotidien et pour notre sécurité, se
sont des comportements inacceptables. Il sera donc, de notre devoir de
le rendre plus brave pour surmonter cet instinct qui peut mettre notre
sécurité en jeu ainsi que la sienne. Le fait de comprendre un peu plus
pourquoi notre cheval a réagit de la sorte va nous permettre plus
facilement de lui pardonner au lieu de le réprimander fortement alors
qu’il a eu peur. Par contre, ce n’est pas une raison pour ignorer ce
comportement et attendre qu’un accident se produise. C’est donc une
situation qu’il faut travailler.
Comment
régler le problème? Bien, ce sera par différentes mise en situation que
nous pourrons montrer au cheval que nous ne sommes pas dangereux et que
nous ne lui voulons pas de mal, malgré nos maladresses ou nos propres
réflexes de survis. De plus, nous allons faire en sorte que notre cheval
ait confiance en nous. Nous allons lui prouver que nous sommes à la
hauteur et qu’il pourra compter sur nous, nous faire confiance. Qu’il
peut se sentir en sécurité à nos côté, lors de situations qui
normalement le terroriserait.
Comment faire pour gagner la confiance d’un cheval? C’est à force de
pratique, de patience et de temps qu’un lien fort va se développer entre
le couple cheval/cavalier, mais dès la première rencontre votre cheval
saura si vous êtes digne de respect et de confiance.
Comment fait-il? La première façon pour un cheval de savoir à qui il a
affaire est de voir s’il peut contrôler les pieds de l’autre. Dans le
monde des chevaux, le premier qui bouge les pieds perd un point, à
chaque fois. C’est principalement en exerçant cette pratique qu’ils
parviennent à établir leur rang hiérarchique et ils n’agissent pas
différemment avec nous qu’avec les autres chevaux. Pour faire bouger
l’autre, ils peuvent s’y prendre de différente façon, de la plus subtile
à la plus convaincante. En ne respectant pas l’espace personnel, en
bousculant, en mordant, en chargeant, etc.
Il est très facile de perdre des points. Le cheval qui se frotte la tête
contre vous et qui ne fait que vous déséquilibrer ou qui vous fait
reculer d’un pas, cherche très subtilement à gagner des points. Tout
comme celui qui vous soulève de terre vous promène comme une marionnette
tellement il frotte fort. Empêchez totalement le cheval de se frotter
est difficile à interdire, parce que la plupart aime ça. À ce moment
c’est à vous à montrer à votre cheval à le faire avec respect sans
jamais faire bouger vos pieds. Il y a aussi celui qui arrive prêt de
vous à une vitesse considérable et vous vous sentez obligé de vous
écarter de son chemin, celui là aussi cherche à gagner des points. À
tous les jours où nous côtoyons nos animaux, il faut être à l’affut de
toutes ces petites situations. Le respect ne doit pas venir seulement du
cheval envers nous ou due deux-pattes envers le cheval, c’est à double
sens et à part égale.
« On peut permettre et non laissez-faire! »
Maintenant, la bonne nouvelle c’est qu’il est possible de gagner des
points! Le travail au sol est excellent pour ça, car en même temps que
nous apprenons à mieux connaître notre cheval en lui présentant plein de
situations, cet exercice nous permet de gagner et d’accumuler des points
de confiance et de respect. De plus, il rendra le travail en selle
beaucoup plus léger, plaisant et surtout plus sécuritaire.
« Travailler un cheval signifie d'abord travailler sur nous-mêmes! »
J’aime bien cette approche, car elle peut être utilisée par tout le
monde avec tous les types de tempérament de chevaux, du poulain au
cheval retraité, du plus réactif (craintif) au plus lourd (bulldozer).
Une fois les jeux connus du couple cheval/cavalier, ils ne prennent pas
plus, voir même moins, de temps à exécuter qu’une mise en liberté ou une
période de longe avant de monter. La différence est que contrairement à
ces deux dernières, les exercices (jeux) permettent de mieux canaliser
l’énergie du cheval au lieu de la dépenser en le longeant pendant
plusieurs minutes. De sorte à ce qu’on puisse avoir facilement sa
concentration et garder toute la bonne énergie pour le travail.
Les responsabilités
Vous
devez être conscient qu’un cheval a des responsabilités et il est
important de les lui laisser. Nous avons nous aussi nos propres
responsabilités et trop souvent nous prenons les siennes en plus. C’est
d’ailleurs la plupart du temps la source de nos problèmes. Quelles sont
ces responsabilités que nous devons laisser à notre cheval et celle que
nous devons garder?
Le cheval doit être responsable de :
• Apprendre à agir comme un partenaire et non comme une proie;
• Garder l’allure;
• Garder la direction;
• L’endroit où il met ses sabots.
L’humain doit :
• Apprendre à agir comme un partenaire et non comme un prédateur ;
• Penser comme un cheval;
• Aider son cheval à surmonter ses peurs et ses craintes.
Garder l’allure, signifie que lorsque vous lui demandez une allure
quelle qu’elle soit, il doit la conserver sans que vous n’ayez besoin de
constamment le solliciter. Les niveaux de difficultés vont augmenter et
même si vous lui demander d’autres manœuvres, il devra parvenir à
conserver cette vitesse.
Garder la direction, c’est lorsqu’on lui indique une direction sur le
cercle par exemple, il doit la conserver sans que vous ne passiez votre
temps à le retenir avec les rênes. Nous devons lui laisser cette
responsabilité pour qu’il ne passe pas son temps à zigzaguer sur une
ligne droite ou qu’il ne tourne pas de bord subitement, etc.
Porter attention à l’endroit où il met ses sabots, regarder où il va.
Beaucoup de chevaux s’enfarge, pourquoi? Il faut d’abord s’assurer que
leurs pieds sont sains, mais la plupart du temps ce n’est que le
résultat d’un cheval distrait ou endormit. Combien de fois en randonnée
est-ce que vous avez changé la trajectoire de votre cheval à la vu d’un
trou visiblement apparent pour vous et pour lui? Sans cavalier il
n’aurait jamais mis le pied dedans, mais ils sont tellement habitués à
ce que l’on pense pour eux qu’ils « ferment les yeux » et ne pense plus.
Penser comme un cheval, veut tout simplement dire de se mettre à la
place du cheval, de voir la vie, le monde à travers ses yeux. Lorsqu’il
est inquiet ou lorsqu’il n’arrive pas à effectuer un exercice il nous
sera plus facile de cerner le problème, parce que nous le comprendrons.
Nous pourrons donc mieux l’aider à surmonter ses peurs et à progresser.
Soyez toujours à l’écoute de votre cheval, il vous dit toujours tout ce
qui ne va pas apprenez à l’observer. Rester toujours calme et serein et
il est votre devoir de leur laisser leurs responsabilités. De cette
façon vous n’en ferez pas une « machine » sans lumière dans les yeux,
sans vie et sans personnalité, mais un partenaire!
Vous désirez en savoir plus, je vous invite à suivre mes prochaines
rubriques dans les prochains numéros. En attendant, pour toutes
questions je vous invite à venir visiter mon FORUM de discussion en
passant par
www.equipementsautomne.com ou encore à m’écrivant à
sarah@equipementsautomne.com
Sarah Boucher
Présidente, Équipements ÉLA (Équitologique Légende d’Automne)